c’est au tour de la nuit de devenir insomniaque, de tourner en rond dans les plis du soleil pour un peu d’ombre. jour.
l’instant de l’aube franchi depuis belle lurette, un pas dans le miroir lucide. je réveille le pleutre qui sommeille encore en moi, me lève, décidée grandement à de petites choses.
tentation du retrait, de l’insolation de textes. lire d’autres lignes dans des mains neuves.transpirer ensuite de l’envie, de l’admirable envie d’être cet Autre. transpirer le peu que j’en aurai avalé.
exposition à des doses mortelles ou régénérantes. comment savoir ? il y a toujours quelqu’un pour vous faire une théorie sur le sujet. m’en fous.
ordinaire flagellation, le gosier d’épines. vraiment il y a autour de moi des bardes barbelées. je fonde parfois des espoirs de quelques connivences mais la forteresse n’est pas prise d’assaut ni de pince coupante. je demeure inhabitée.
ce regard posé sur moi. déjà on n’y croit plus. on songe que c’est un jeu, un costume irréel que je porte comme un empereur nu. tout est faux. c’est le stuc de la chambre, les fausses bibliothèques, les perruques.

le décalage entre ma vie et moi est si profond que je suis devenue invisible.

est-ce donc une sorte de posture et mon dieu je voudrais à ce moment-là dégainer le noir, le champ dévasté de la prison. j’aimerais qu’on me dise que je porte le noir avec une certaine élégance et non que mes sapes déchirées cachent mal mon âme d’albâtre. on prend l’ombre pour le miroir. et que mon écriture puisse être un jeu, inconscient littéraire, à leurs yeux me répugne encore plus de moi qui ne sais même pas si ils ont raison ou tort.