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journal de l’aube 204

vendredi 11 juillet 2014, par Anna Jouy

Le ventre est recousu. Dedans il y a moins, l’espace de fièvres et de montagnes, la fabrique de noir, évidés. Il y a de l’air, de l’eau, ou simplement une absence à la place. Comment le quelque chose cède-t-il le terrain au rien et le rien a-t-il la forme inverse de ce quelque chose ?

Le ventre est recousu, Dedans reste un poing ou un tas de points avec du fil, des sutures et un dé à en découdre, une douleur orpheline qui loge dans le pli de l’abdomen.

On a refait l’ourlet de mon âme, je pense : je marchais dedans sans doute…

L’imprécis mystère de ces trois yeux encore, clignant au rouge cramoisi, avec leur cil transparent chicaneur et dessous le vague tas de moi, telle que je suis sans le savoir. L’opéra du corps et ses actes persiffleurs.

Dérangée, en somme… C’est un peu cette sensation et tenter de me remettre. Retrouver l’ordonnance des affaires intestines maintenant s’impose. Que faire de cet organe ou de ce repli ou de cet enchevêtrement neuf des boyaux ? Comme si le lieu avait été embrouillé et brassé et que j’en ressentais un malaise et des points sur le côté…

Pincée clampée encore, résidu très dur à hauteur des hanches, l’endroit précis de ta main.

Le ventre est recousu, fronces tirées. Sculpture de vie ficelée. Il se résume désormais à cet œillet de douleur où s’enfoncent les heures, une plongée en apnée. La vie tombe à l’intérieur du trou laissé là, comme pour lui faire un nid.


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