Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal 210

jeudi 17 juillet 2014, par Anna Jouy

’avais assez d’orgueil pour n’attendre que l’éclatement,

le surcroît. (Commencer est terrible, oui, terrible et défendu,
Hors cette irruption d’oiseaux inconnus qui foudroie.)
Cependant était-ce la foudre, ou bien
Sur cet espace dévasté par ma naissance
L’ordre enfin rétabli dont me saisissait la douceur ?
Mais quel ordre sinon celui du monde innocent avant

moi,
Plein de mots non souillés encore par ma bouche, plein
De la présence où je ne fus que porte battant sur le noir ?
Et par là vinrent les longs bras ignobles du noir ;
Par là se sont glissés les yeux d’une nuit dégoûtante
Et qui n’était pas moi mais poussait toujours cette porte.
Là parurent aussi la rose et le bouvreuil que je ne connais

pas.
Des animaux à la cruauté douce en moi se coulant vite,
Et le silence où tout s’accorde, neige
Antérieure à la trace funèbre de mes pas.

Jacques Reda Seuil du désordre

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