Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 226

vendredi 8 août 2014, par Anna Jouy

le temps, encore lui. au fond de chaque valise, n’est-ce pas ce qu’on cherche à ramener.
le provoquer en duel et le vaincre bien sûr.
tenter d’engranger des images, des époques, des sensations et ne trouver que soi partout. oui, mais une autre part de soi que le vent et le temps auraient dispersée, ce pourquoi nous courrons, ce après quoi nous courrons...

alors, épuisette en mains à la pêche aux crevettes grises de ma propre histoire...

halte dans un cimetière. ici, probablement seules quelques âmes méritantes se reposent de la vie, cœurs boisés désormais, endormis parmi d’autres arbres frères. la prière éclot dans la forêt, maillée lâche et douce de ce pays. splendide végétation, essences multiples, on reconnait là depuis longtemps la valeur des bras levés et la supplique des fûts. partout dans ce voyage, l’onde verte des arbres, comme s’il importait d’élever l’âme et de l’arracher à la platitude naturelle des terres. offrir une ramure à ses demandes.

m’étonner, de cette pareille façon qu’on aurait à découvrir que les légendes ont des fonds de vérité. les moulins existent, de vraies maisons aux toits de chaume.découvrir que ça bougeait la tête, cherchait le vent pour le prendre de face... les voir autrement comme des géants, des "personnanges" aux ailes laborieuses et comprendre enfin ce qu’ils faisaient là debout dans les marais, vidant les eaux avec une petite cuillère et y parvenant. il y eut un jour quelqu’un pour imaginer cela possible et défier semblablement l’avenir !

je me balade dans les contradictions naturelles des terres et de l’eau. il se peut qu’un liquide coule plus haut que le pré d’à côté ; il se peut que des vaches broutent les dessous de la mer... et accepter aussi que des montagnes de 4 mètres découpent un paysage maritime d’une manière toute aussi forte que la grosse et lourde bosse de granit, symbole de mon canton tranche mon regard quotidien.

traverser la Grande Métropole, rendez-vous avec un peintre dans l’énorme mausolée à sa mémoire. entrée avec faveurs, ne pas attendre et être aussitôt dans le vif du sujet. génial !
comme partout l’architecte a développé le même type de projet, racontant la même histoire. il faut monter, à pied, des escaliers nombreux et raides pour accéder à l’inaccessible : la Culture ! pinacle des pinacles ! des centaines de gens le font pour s’enivrer à la queue leu leu de toiles qu’ils ne regardent qu’à peine, portables en mains. est-ce le jaune de Van Gogh qui les a attirés ici ou l’insensée valeur monétaire qu’on attribue à chacune de ses toiles ? Ne sont-ils pas en train de saouler leur imaginaire en promenant leur carcasse entre des paquets de biftons comme ils n’en auront jamais vus, ni touchés.
je ne me laisse guère émouvoir. dans ce genre d’espace, les gens sont les seules choses(sic) que l’on peut vraiment observer ; les tableaux ne sont jamais que des extraits de tableaux, tous dévorés grignotés par des silhouettes qui marchent et passent.

enfin l’air chaud dans le bateau- mouche.
Je le laisse me bercer, berceau, berce eau. je gobe ici ou là quelques commentaires. j’apprends qu’on a supprimé les traductions françaises pour celles en russe.. ô ironie du sort, je ne boycotte aucune fleur, aucune salade et pas la moindre courgette. qu’importe, il est bon de voir ici des palais de briques très vieux, qui semblent avoir la même fraîcheur que les merveilleuses hirondelles qui fendent l’air partout dressées sur de biese-cycles...

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