vendredi tonte.
dernier rassemblement des troupes. chacun sort la machine. on passe la tondeuse qu’importe la hauteur de la pousse . c’est comme se laver les pieds pour le paysan du château voisin qui se récure ni plus ni moins que ses bêtes ou mettre les bigoudis pour les femmes-choucroutes, sortir au théâtre pour les hormones sexuelles...un rite moderne et imparable.
je compte les cadences, celui-ci a démarré avec un quart d’heure d’avance, ces deux se tracent après. on sent que ça virolette, que ça prend son élan au cordeau. bataille des touffes et des invasions herbeuses et barbares. demain tout sera tapis velours partout.
certains ensuite peaufinent à la petite cisaille, ça vérifie que la pelouse a bien la raie sur le côté...
un bruit rageur, pressé, qui ouvre le week-end en mâchoires.
je ferme les yeux. j’essaie de lutter contre mes pulsions maniaco-compulsives. mon gazon je le ronge comme mon frein le mercredi. c’est pas pour faire du genre mais c’est pour traiter à fond la mauvaise graine qui me pousse à cœur : être irréprochable et que personne ne puisse se plaindre de moi, j’aimerais tant !
pour l’instant aucun habitant du quartier n’est encore venu m’inciter à bon ordre. je me cramponne. l’exercice de résistance est bon pour le dégrippage de cortex, du cerveau qui serre.