Journal poétique / www.jouyanna.ch

routine d’écriture

jeudi 11 septembre 2014, par Anna Jouy

Ecrire. Ce ne sont pas des mots. C’est pire ou ailleurs, un souterrain que je n’ai pas encore nommé, des êtres que je n’ai pas nommés, des choses plus possiblement. Ou alors l’esprit des choses et des êtres… ?
Je m’y remets, cheval de nuit, corral de dressage, systématiquement, avec ma sorte de folie dure et contrainte, un entêtement. Il faut que je le fasse. Et rien ne va de soi.
Il n’y a pas de joie à le faire, pas de satisfaction, pas de sentiment de puissance. Non tout le contraire. C’est le côtoiement du vide qui m’habite bien sûr, la friction entre lui et moi, un rendez-vous métronomique où le besoin de faire ça, endorphines du désir et du malheur de mourir un jour, où cette entité me regarde et m’insulte, mon besoin d’être, d’exister, d’être aimée. Et celui d’aimer exister aussi. Je me confronte au texte qui tente de sortir, lui, son chapelet de mots, son histoire et me jette contre ma peur de n’être rien et personne, qu’un glapissement sordide qui rôde dans la nuit. L’émanation du texte, cette aura de malheur et d’inquiétude ricane et me montre du doigt : j’écris. Je n’en tire aucune fierté, aucun sentiment de bienfait. Au contraire, mais celui de gratter dans l’inutile, de me tromper moi-même, de leurrer les autres dont je me cache, la nuit en écrivant ma vie, celle de quelqu’un qui veut de l’amour.
Cela me lève, très tôt, en secret et dans le secret. Je descends, je m’enfonce. Je fouille l’histoire, la mienne, celle d’autres, un imaginaire, l’hypothétique vie qui me fera exister. Chaque fois, même lors des jouissances de quelques phrases, ce pari, de perdre ici le temps pour mieux le gagner.

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