Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 273

jeudi 23 octobre 2014, par Anna Jouy

...Après, il y a tant de manières d’écrire. Et puis toutes ces théories qui viennent les unes sur les autres, plus immodestes les unes que les autres…Ce que serait écrire, ce que serait publier, ce que serait un livre…N’y a-t-il pas autant d’êtres en train d’écrire, autant d’univers et de pensées ? Cette conformation systématique qui n’a aucun autre sens que de resserrer la parole et de ne faire plus qu’une unique voix, semblablement qu’on nous pousse vers une unique façon de manger, une unique façon d’aimer juste, une unique façon de vivre. On ne doit pas rimer un poème, pas parler de la nature, pas commencer un roman sans plan, pas le commencer avec...On doit écrire le matin sur du papier, sur un ordi, sur du PQ. Faut crier, se vivre sous la torture en permanence. Etre très malheureux, très amusant ou léger, faut être tendance, faut avoir des couilles, faut montrer son cul ,- très tendance le cul alors qu’il n’y a rien de plus banal dans ce monde où sucer son crayon devient une iconographie de pornographe liberté-, utiliser des mots ordinaires - surtout perdre tous les autres qui existent car votre pensée bientôt sera plus étroite encore que votre parole et c’est bien ce que l’on veut, moutonner l’ensemble des écrits d’une légère et trompeuse écume. Se faire le porte parole de tout ce qu’on n’a pas vécu, je voudrais être noir disait Nougaro.
Tandis qu’on est proprement incapable de dire son unicité et son humanité.

A tout bout de champ –de chant- voilà que se présentent les diktats du bien écrire, de la puissance d’une vraie écriture, tant et si bien que tout un chacun qui met des mots sur du papier en vient à croire qu’il est le porteur des tables de la loi. Il y a la loi des grands et la loi des petits Moïse. Gravure dans la pierre de vérité.
C’est un peu la cour livrée aux professeurs… La baston des écoles à chaque récréation. « Le ciel est bleu, non le ciel est bleu pâle, ah ! Non le ciel est turquoise. Non ! je vous dis que le ciel n’est pas vert. Je m’excuse mais qui vous dit qu’il y a un ciel… etc.. »

Heureusement quelques oiseaux l’habitent et cela me suffit à respirer.

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