journal de l’aube 277
lundi 27 octobre 2014, par
Ne m’aimez pas, je m’étire. Vos paroles nouent autour de moi des lacets, ficelles de collier et de chanvre.
Je ne vis que dans l’espacement des choses. Il n’y a que le ciel qui me couvre et me découvre.
Dans le goulet d’un nuage, je suis pendue et l’on ne retient pas un cyclone par son œil . vos crocs écaillent les truites de la pluie et il faut qu’elle tombe vive et ses petits gigots de lumière.
Ne m’aimez pas je ne veux pas rentrer à la maison. Mes adoptions de dispersion mutilent depuis toujours l’appartenance. Il me faut le cantique des choses, les frictions d’avec quelque gerfaut. Il me faut les fractions infinies des pierres. Il me faut les métrages géants de la mer et les anges qui bricolent le feu.
Ne m’aimez pas vous dis-je. Mon corps est devenu l’étrange abri des idées de la mort. Il garde des aliénés d’amour, comme un enclos de vieilles carnes.
Il est boulé sur l’embryon d’un arbre. Rien, vous dis-je. Et ne touchez et ne serrez pas mes pores du froid qui marque le manque. J’ai appris à cracher à six pas. Sous vos pieds écartés poussent les forêts.
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