Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 285

jeudi 6 novembre 2014, par Anna Jouy

À quoi bon re susciter. Ni la mère, ni le père- les sources de l’arbre- ne causent de sèves nouvelles. J’aimerais couder la fibre, contraindre le bonzaï vers la danse des fûts. Ou me cisailler jusqu’à la bouture. Le sang me ferait truite et cesseront les orbes du temps qui nouent ma tige.
Ils reviennent pourtant, enter les mots, greffes de la nuit qui parle. Je rêve d’eux, parfois j’aimerais qu’ils avouent que je leur manque mais ils filent vers leur propre ruisseau. Ce sont des parents pauvres.
Ils ont des allures masquées mais je les reconnais, une tâche, un regard et je sais et ensuite toute la nuit je les quête dans le recul du fusil de leur départ, épaule percée et truites en manque d’eau. Ils me fuient. On n’a jamais re-suscité l’amour du puits du songe.
Ma mère surtout quand elle avance, défroissée et lointaine. J’espère toujours. Et puis j’espère encore qu’elle ne me laisse ici que moi et mes propos coupables. Le temps réclame qu’elle aille à d’autres fruits. Son arbre est mort du froid de ma pensée. A quoi bon re- susciter.

Zarvos

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