Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 287

lundi 10 novembre 2014, par Anna Jouy

À quoi sert-il le poème ? Il lutte en vain contre des assassins insaisissables ; quels mots tamiseraient l’immonde massacre de la terre, les effluves roncés de l’argent ? Partout sévit l’imputrescible nature du cloaque.
Que peuvent les mots dans le jardin des puanteurs ? Ce monde transpire faux . Il corrompt l’air d’où monte tout chant.
J’éprouve la lasse percussion de nos cris, la distorsion irrémédiable de l’espoir. L’écroulement du ciel est à prévoir. Et ce ne sont pas les piliers de quelques voix haubanant la lumière qui sauront élever les nuages.
Nos armes sont puériles, nous imposons sur les plaies des cataplasmes en toc, les contrefaçons de la violence. Elles rompent au premier fusil qui passe.
Nos armes ne sont pas encore dessinées sur nos papiers de poème. Elles n’ont pas surgi du dégoût qu’on expire. Peut-être est-ce le signe de la stérile nature de l’air du temps ? Nous cherchons à bâillonner la harangue capitale dans des dentelles papillonnantes. Elle se rit bien de ce qu’on déclare. Nous dressons les loups, un fétu de paille à la main. Risibles nous sommes et nous ne méritons pas. La parole, depuis longtemps, leur appartient et nous jouons avec le leurre qu’ils nous ont remis et qui nous hypnotise.

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