journal de l’aube 296
samedi 22 novembre 2014, par
Je viens dans la chambre, je romps le silence. Il en sort deux et puis quatre et encore, encore. Je le casse, le brise avec une tasse, une porte, un instrument contondant. Je lui nuis gravement et comme une foule à chaque fois se lève, de silences fœtus, de silences enfants, d’obèses silences adultes qui posent lourdement pour la postérité ! Je suis de près ce miracle quotidien.
Je me tais aussi, parfois, longuement lentement, en appliquant avec soin mes lèvres contre mes mains. J’empêche le cri. Je bâillonne l’air. J’empêche. Stratégie par derrière, camouflage, guérilla. J’essaie l’épuisement, le siège par le vide de la citadelle du silence. Mais elle embellit, en tire d’autres substances dont je ne connais ni les causes, ni les sources.
Omnipotence du silence, matière sans fond, renouvelable éternelle, la seule sans doute qui ne s’épuise. Le silence rebondit, prolifère, contamine. Le moindre mot le nourrit, l’infime crissement le magnifie.
Reste simplement à choisir quelles façons seront les miennes pour en cultiver l’espace