journal de l’aube 305
mardi 2 décembre 2014, par
Je ne suis pas joyeuse. Si je l’étais, tu te dirais « que lui arrive-t-il tout à coup ? » Et ta question ne te rendrait ni plus heureux, ni plus joyeux.
J’ai l’étonnement et quelquefois l’extrême allégresse : la vie se laisse toucher comme un animal tapi dans mon thorax glisserait contre mes côtes. Je sens la soie d’exister passer contre ma peau et elle et l’autre s’imaginer d’un même ventre. Je touche de la lumière.
Soudain, je traverse des galeries d’interstices : le soleil se brise en tranches, je suis éblouie et ces éclats me fusillent de bonheur et d’espérance, comme peuvent se lever des ciels opaques dans les ouates troubles de l’automne. La vie est belle.
Et comme je reconnais mon souffle fait des mêmes fibres qu’une respiration de vent. La vie est belle.
Parfois, je te l’avoue, enlacer des frères de sang et d’humeur desserre le corset du plaisir. La vie est belle, oui…
Je ne suis pas joyeuse. Si je l’étais, tu te dirais « où est cette voix grave qui ne prononce la joie qu’avec précaution comme on parle à des bulles avant leur envolée…
Dire le prix des choses : la vie est belle.