Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 317

samedi 27 décembre 2014, par Anna Jouy

et puis il se mit à parler de moi, de ma façon de passer, de revenir et puis de longtemps me dissoudre. j’écrivais. ce n’était qu’un tas de formules. lui ne cessait de défaire ma pelote. il mangeait la laine de mon écrit, mite emplie des mâchoires. il se mit à parler parce que je ne pouvais le lâcher et qu’il devenait de plus en plus clair que j’existais à ses yeux, autrement je ne sais pas, mais en tout cas de mots...

et puis il fallut me rendre à cette évidence, j’avais donné comme on essore une méduse, un mouvement transparent à l’eau. j’avais imaginé une histoire, elle était sortie de moi un peu à la façon dont on met des choses à détacher et qu’un rien s’en était allé, dissous, déporté d’une matière tissée à un flux. en fait, peu de chose que cette encre de résidus et de taches qui rencontre un autre terrain à salir et imprimer.

je me mis à regarder les textes comme des lieux de passants, de passages. des vidanges, des commotions où vont se produire des entachements. tout lecteur a la capacité à vivre sous l’eau, amphibien de la plus étrange espèce, car ces histoires sont d’une autre nature que celle de l’air.

il faut bien inséminer, frai ou planctons. une pollution, un lieu de transit indirect où on se passe ou passe d’un monde à un autre ( celui de mon histoire) mais une sorte de transsubstantiation, un changement radical de matière. vous vous métaphorisez, quantique cantique, vous vous prêtez à la contamination intemporelle- hors siècle hors présence- de votre être à des abus de taches et de matières autres. le livre est un sas de décompression où vos particules sous état d’hypnose deviennent ailleurs et autres et sans possibles purifications au retour...

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