Journal poétique / www.jouyanna.ch

autisme

samedi 10 janvier 2015, par Anna Jouy

écrire que la nuit vient, qu’elle attend sous sa fenêtre et sent le chien, qu’elle se donne aux fougères, aux vieilles pierres, au râpé des ombres. écrire qu’elle encharne la chambre et joue à Colin Maillard, qu’elle trace de la main sur le mur sa prière, espère fendre les briques, ouvrir deux trous pour les yeux, ses fenêtres.
écrire ce logement, une pièce qui s’engouffre entre la cuisine et les sanitaires. un carré avec une unique porte. en changer pourquoi pas, mais ici suffit largement. en réalité, il y a aussi un jardin avec un arbre maigre et des cloisons tout autour. une version aérée de l’espace de sa chambre, réplique verte d’un intérieur très gris. on pourrait dire une cellule monacale et l’espace d’un cloître. c’est tout ce est acceptable du monde. ailleurs est un terrain miné, un champ de violences qu’il n’arrive plus à traverser. sortir ainsi invariablement de chez soi, le matin. longer avec précaution le soutènement de la rue et sans jamais quitter du doigt la paroi rassurante, arriver dans l’ailleurs qui l’emploie. un long chemin mais s’en rend-on vraiment compte. seuls le doigt et le regard au sol importent. ne jamais lever la tête. le parcours est programmé, avec ce petit quelque chose d’analgésique que peut être une construction sur laquelle s’appuyer quand le ventre ne cesse de charrier et de soumettre au mal de Terre.

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