promenade
mardi 10 février 2015, par
Ils sont deux. J’aurais dit un couple en les voyant dans leur voiture. Ils sortent. ferment, prêts pour la promenade, emmitouflés de gros manteaux, de bonnets. La plaine est un couloir à bise, une bouche glacée déversant ses rafales de gelures. Ils s’engagent sur le chemin. Ils vont vers le lac. Mais madame marche vite raide au milieu du sentier. Elle fonce et rien de l’arrête. Elle est régulière métronome cadencée horlogère. Très vite, elle file devant sans retourner la tête, sans appel. Elle marche comme on va à la rage.
Lui est déjà dix pas derrière. On ne sait pas s’il va poursuivre, s’il va s’arrêter mais non il avance. Parfois ses épaules montent et retombent. Il zigzague d’une ornière à une autre. Déjà vingt pas de retard et encore un... Il lève la tête, la descend, tout un vocabulaire de gestes qui le rendent indécis et contemplatif. Il marche arythmique décousu entre deux entre chats.
Là-bas, la boule ronde du bowling poursuit, rien ne dévie, rien n’empêche. Ici l’ errance d’un corps qui se laisse aimanter de toutes parts...
Je regarde, fascinée par cette scène de ménage. Elle et lui, à 400 mètres de moi, dans la plaine si blanche et qui me racontent leur colère, leur impuissance, leur façon de cheminer ou de tailler la route... Un homme, une femme et entre eux, le fracas silencieux de la bise.
Franc-Warêt sous la neige - Quoi de neuf au potager ?
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Messages
1. promenade, 10 février 2015, 09:46, par brigetoun
et on les voit en vous lisant
2. promenade, 10 février 2015, 09:47, par Dominique Hasselmann
traces de sang sur la neige, au retour ?
3. promenade, 10 février 2015, 09:51, par Eric Schulthess
C’est ainsi souvent que tant et tant d’humains vivent
4. promenade, 10 février 2015, 13:36, par pascale
"Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard..."
5. promenade, 11 février 2015, 00:21, par aunryz
Oui, on les voit, tout est ici si palpable.
Ils ont eu bien raison
d’aller tenter de dissoudre cette colère
dans l’étendue blanche où le vent tend à tout geler.
Comme dans la vraie vie
la porte reste ouverte après
"...le fracas silencieux de la bise."
1. promenade, 11 février 2015, 07:24, par Anna Jouy
me plait d’imaginer leur feu...après.
6. promenade, 12 février 2015, 09:16, par aunryz
"leur feu ... après"
belle échappée.