journal de l’aube 368
jeudi 26 février 2015, par
Ne pas chercher le sens ou alors y aller à fond. Soulever chaque jour, comme un caillou sous lequel j’aurais déposé un crachat, espérant qu’il emporte mon point sur le côté. La cour de récré est si vaste et ce gravier qui cache peut-être la bague, la petite clef, les deux sous du bonheur qui manque.
J’y passe le temps libre, -que ce mot donne à voir de débâcles joyeuses, d’enfantillages nécessaires, de lessives flottantes navigant entre de vagues nuages-. Certaines pierres m’arrêtent ; elles ont des lignes ou des trous. Je crois qu’elles sont les mots pétrifiés de mes générations perdues. Chacune d’amour ou de haine, d’indifférence venue. Je traverse le champ magnétique entre néant et galaxies, la zone d’astéroïdes éclatés de cris d’élèves de cette cour de récréation où je passe encore mon temps. J’ai mes socquettes, ma petite robe papillon, le chapeau de paille peut-être. Mes joues sont rondes et dures comme des pommes. Mon esprit lui est déjà centenaire. Je suis dans mon monde, celui qui ni ne bouge, ni ne respire, celui des émetteurs muets de l’histoire. Entre lui et moi, c’est le qui perd gagne des apparences et la trépidation enfantine d’une chasse aux trésors. Sous la cour, des étoiles.
Messages
1. journal de l’aube 368, 26 février 2015, 06:06, par brigetoun
et, égoïstement, souhaite que vous continuez à soulever les pierres pour dire ce qu’elles recouvrent
2. journal de l’aube 368, 26 février 2015, 06:28
je ne sais pas pourquoi, ce passe-temps de petite fille m’est revenu ce matin comme bien symbolique de ce que je fais maintenant... ;-)
merci d’être si encourageante
3. journal de l’aube 368, 26 février 2015, 08:02, par Dominique Hasselmann
les cours de récréation sont encadrées dans notre mémoire : il faut espérer qu’elles ne soient jamais supprimées !
4. journal de l’aube 368, 26 février 2015, 13:20, par aunryz
Cette cour où on se recréait
elle manque tant à l’adulte devenu
et plus encore
après la lecture de ce texte
qui la recrée
pour un temps.