Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 368

jeudi 26 février 2015, par Anna Jouy

Ne pas chercher le sens ou alors y aller à fond. Soulever chaque jour, comme un caillou sous lequel j’aurais déposé un crachat, espérant qu’il emporte mon point sur le côté. La cour de récré est si vaste et ce gravier qui cache peut-être la bague, la petite clef, les deux sous du bonheur qui manque.
J’y passe le temps libre, -que ce mot donne à voir de débâcles joyeuses, d’enfantillages nécessaires, de lessives flottantes navigant entre de vagues nuages-. Certaines pierres m’arrêtent ; elles ont des lignes ou des trous. Je crois qu’elles sont les mots pétrifiés de mes générations perdues. Chacune d’amour ou de haine, d’indifférence venue. Je traverse le champ magnétique entre néant et galaxies, la zone d’astéroïdes éclatés de cris d’élèves de cette cour de récréation où je passe encore mon temps. J’ai mes socquettes, ma petite robe papillon, le chapeau de paille peut-être. Mes joues sont rondes et dures comme des pommes. Mon esprit lui est déjà centenaire. Je suis dans mon monde, celui qui ni ne bouge, ni ne respire, celui des émetteurs muets de l’histoire. Entre lui et moi, c’est le qui perd gagne des apparences et la trépidation enfantine d’une chasse aux trésors. Sous la cour, des étoiles.

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