sans ...
lundi 30 mars 2015, par
Bien sûr, tu mourras sans moi. J’ignorerai. Tu quitteras le séjour de chair. Tu te feras la belle et je ne saurai rien. Tu viendras dans ma cour, poser l’ombrage sur mon cou. Tu glisseras, tu glisseras, un pétale, une feuille, une avalanche sur ma robe. Tu mourras et tomberont les formules de l’élan et du vol.
M’as-tu aimée dis...?
Je te balaierai comme je balaie chaque jour le pain qui tombe, les occlusions noires dans la toile du rêve. Tu t’en iras sans moi, bien que je répète inlassable ton poème et tout ça pour te retenir. Ne pas oublier, garder en mémo ire le code secret de ton souffle. Tu partiras comme on abandonne ses sales manies, sans effort,qu’une chiquenaude gaulée dans le rien de vivant qui reste.
Et ce jour approche, et ce jour vient et je veille le bruit de ce dernier silence. Et je sais, je sais…Ce sera quand je détournerai la tête, comme s’endorment les veilleurs. Alors tu en profiteras pour bondir dans l’ailleurs loin de la vigilance. Tu emporteras tes mots, tes traces, tes réponses. Tu me laisseras si dépouillée, pour d’autres, pour des fous et des lugubres. Pour que je puisse mourir moi aussi sur la terre comme au ciel.
Je poursuivrai, amnésie étourdie, jusqu’à ton nom perdu, quand je te pense tant.
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Messages
1. sans ..., 30 mars 2015, 20:47, par cjeanney
"les occlusions noires dans la toile du rêve"
(oh comme ça ouvre grand, si grand, le vertige que ça fait, presque inversé, vertige en soi)
2. sans ..., 31 mars 2015, 05:29, par brigetoun
et la nécessité de ne pas relâcher l’attention à un souvenir sans espoir, pour ne pas abandonner
3. sans ..., 31 mars 2015, 08:56, par pascale
En rappel, toujours en rappel, quelque soit le vent, le moindre clapotis et même la risée... L’amnésie peut aller se rhabiller !