Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 389

mardi 7 avril 2015, par Anna Jouy

quitter mon arbre venteux pour tenter de prendre cette hauteur qui manque à mon nuage. dans la nuit, la Suisse est un grand troupeau de moutons qui dorment la lumière allumée. sur cette artère qui la fend en deux parts, rouler. lune pleine. ici le temps est bleu cerné de gel, pour faire un accord à ces avions à croix blanche sans doute. patience Kloten, regarder le sol de planelles noires, un semis blanc dedans. parfois le sol ressemble au ciel la nuit, couvert de pelures de lumière.

décollage. être l’ange qui court, à fond le sang, à fond le torse. adhérer à l’oiseau. l’albatros n’est pas mort.
caresse sur la toison de la Terre, ces plaques graveleuses de maisons ; pélagres humaines, pélagres sylvestres. le pays est couvert de graviers à rassembler d’une main. l’œil est une ramassoire. dans ces bâtisses d’écailles palpite l’esprit tout terrain. être mille vies à la fois.
traverser la zone blanche, les poudrières de craie aux armatures noires. indéfinis sables de saison. l’hiver tient dur le sucre de l’espace. les détritus de la forêt rament d’écorce la neige.
à chaque sursaut de l’appareil le sang qui monte et descend et chahute un peu. avec cette fraction de retard qui rend ivre. une heure et déjà sarajevo sous les pieds.

les nuages ont une ombre. ils s’organisent en lignes soldats légers dont ne sait quelle parade, comme les points d’attache d’un fil d’orage.

et sous une merveilleuse pluie, découvrir à la vitesse grisante d’un taxi, cavalier danseur à quatre roues sur les multipistes de la circulation, istanbul,par le bord de la mer, et cette foule de cargos mouillant tout autour.
l’hôtel s’appelle Pyer Loti...

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