japanse tuin
dans la ville se cache un espace de ravissement. aborder cet endroit avec douceur, par jour de soleil et de chaleur sans violence, obligeant à marcher à petits pas, enveloppés déjà de longues pièces de soie et de sandales en bambou. s’extraire de sa terre lourde et tourbeuse et pousser ailleurs, dans un temps différent, dans un autre endroit du monde. y aller en se préparant cérémonieusement à la beauté promise car ce lieu retiré dans les abords spacieux de la ville ne sert qu’à ça, sans usage différent, que de vous embaumer de l’élégance et du raffinement de mousses et d’azalées japonais. vous irez parmi d’autres avec le corps tranquille et l’esprit préparé, averti à l’avance de la beauté dont il sera submergé. les gens comme vous seront heureux, plaisanteront volontiers : il n’y a aucun stress à rejoindre l’Eden du levant.
vous ferez dans ses abords la rencontre de deux femmes artistes, l’une petite enfermée dans son imper qui furètera dans votre corps quand vous regarderez l’autre, et la grande sportive que vous reconnaîtrez à ses chaussures différentes, un mocassin d’homme et une basket de femme, car elle porte le deuil de la marche légère depuis que son mari est mort.
puis enveloppés dans le drap bleu du ciel de l’évasion, vous prendrez votre ultime ticket pour le plaisir en vous achetant une glace italienne, une façon délicieuse de revenir en Europe par la botte de sept lieues. à consommer sur place, sous les marronniers des alentours, en regardant la procession du bonheur en promenade.