je suis dans un pays où les buildings vivent...
lundi 29 juin 2015, par
je suis dans un pays où les buildings vivent couchés. empereurs romains de la bâtisse, picorant directement au jardinet, fruits rouges, salades, courgettes, herbes sauvages et savoureuses etc. dans un pays vautré en ses jardins, de genève à romanshorn, des villas à la sauvette, des habitats croupés, étalage d’individuelles ou de mitoyennes, un vrai tissu à carrons, étendu sur le pré-patrie pour le pique-nique des bonnes familles.
je vis dans ce damier, un carré pour moi toute seule, qu’on m’a refilé en disant "garde-moi la place je reviens !"..et je garde. les parents aussi ça se tire en douce.
chez moi, ce ne sont pas les planchers qui craquent, pas les savates qui patinent à l’appart’ du haut, pas le silence des quinzaines à la mer, qui descend par l’ascenseur et reflue par l’escalier, pas le crin-crin d’un matelas qu’on lamine d’amour, pas de secousse au plafonnier, pas de cette solitude discrète- non connais pas, je ne l’ai jamais vue.-
l’anonymat est horizontal, un glaçage parfait, sans creux ni bosses, sur le mille feuilles du dessert. le silence, je le regarde droit dans les yeux. il me fait face, me fait l’autour, l’environ. avec des dents de cisailles électriques, des volutes barbecue. du silence cossu, comme on voit dans le pré, un vol de mouches zézailler le soleil.
le silence c’est devant, c’est de dos, c’est au périmètre, à la coudée franche. partout, à plat. parfait, lisse, étale.
Messages
1. je suis dans un pays où les buildings vivent..., 29 juin 2015, 22:36, par *
le silence
c’est la parole rompu
avec l’énergie du désespoir
c’est cette abrupte douceur
aussi
qui manque aux bien-assis
2. je suis dans un pays où les buildings vivent..., 30 juin 2015, 00:15, par brigetoun
le silence est partout (et quand il n’est pas, c’est pire : bruit anonyme)
j’aime bien les buildings couchés