Journal poétique / www.jouyanna.ch

envolée

samedi 4 juillet 2015, par Anna Jouy

il y a des jours où ça ne sert à rien de parler des fleurs, des premiers jets de l’aurore, pisse rouge à l’est. ça ne sert à rien non plus de parler de l’amour… qui peut vraiment comprendre (on se dit) ? juste cette envie prenante de jouir du mot.
il s’agit donc de permuter, d’enter, d’écussonner des espèces, les sons, d’en faire du texte neuf à partir de cet ancien gisant depuis longtemps en soi. de faire de nombreux mélanges, des épices à la volée mais sous contrôle.
le vent au doigt et à l’œil, est-ce ça la création ?
essayer d’accrocher l’éphémère, l’instant spécial, à croissance rapide sous effet de serre, -quelque bouquet à faire, oui pourquoi pas.
essayer les trucs de l’entomologiste : un velours et quatre épingles ; tirer le portrait mort d’un papillon qui passe.
et puis peut-être, venir aussi par l’autre côté, l’entrée secrète, non dévoilée : tendre le mot comme une trappe où tomberait l’autre- on te parle à l’oreille et tu ne débandes plus.-
mot piège, ruban collant où s’en meure un lecteur ? le monde à nouveau figé devant les yeux, suspendu à des lèvres ensorceleuses.
certains écrivains collectionnent ainsi des essaims de dards à leur ultime jet. lecteurs sous aphrodisiaques, prêts à mourir dans les nectars de la littérature, bourdons abreuvés de pistils.
alors parfois écrire, s’encrer, choisir son côté. on est 14 % à se prendre pour un auteur et le monde lit à la fraîche sur des tablettes au soleil rétroprojecteur.

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