Journal poétique / www.jouyanna.ch

vieilles colères

jeudi 30 juillet 2015, par Anna Jouy

La cage aux fauves est pleine. La tempête dehors fait rage à coups de fouet. Le grand numéro de cirque est en route. Et tandis que le ciel claque ses lanières sur l’arène, les bêtes tournent en rond et rugissent. Exhibition à haute tension où les dents sont à fleur des corps, où la salive noie les gueules et où on s’attend à la voracité.
Pour chacun, quel qu’il soit, ce n’est pas une découverte de la violence, mais l’expression de celle-ci et qui prend des tournures inédites : l’accord parfait avec le typhon élémentaire qui tombe sur eux. Mêmes bruits, mêmes frappes, mêmes cinglées d’injures. Mêmes rythmes,
mêmes portées, mêmes mesures. Chorégraphie exemplaire de l’humain à la guerre et des danses de la pluie. Cela dure, s’amplifie, monte au plafond laissant l’autre suspendu dans un espace sans voix, un semblant de victoire, qui décroche presque aussitôt et reprend et soulève les poussières pour de nouvelles blessures.
Tout le monde s’en mêle et les réserves de fiel et de peurs se déversent. Les visages changent, chiffons ou masques durs. Les grimaces, les prête-gueules dévorent leurs visages. C’est une bataille sans bras, une empoignade sans poings, le combat se joue dans cette puissance des discours de la haine.
Chaque mot atteint l’autre dans son être, y ronge la chair et puis la confiance, et fourbit de nouvelles humiliations. Cela dure, comme une guerre inépuisable et qui se nourrit d’elle-même. Chacun y va. C’est essentiel de grimper sur l’autre, d’être en-dessus, d’être la pointe du tas, le poing culminant.

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