Journal poétique / www.jouyanna.ch

nuit

samedi 15 août 2015, par Anna Jouy

Je me tais. Me taire pour rejoindre la noirceur qu’on m’offre soudain ; me taire pour la faire fuir. Comme si le silence pouvait me protéger de la lumière. Me taire. Me réfugier dans un autre élément, échapper à l’envie et à la peur aussi. Passer à un autre mode. Je me tais et ce n’est pas ce que je dois faire. Je devrais fermer la porte, allumer la lumière. Le silence ne peut rien pour me protéger et c’est lui que je choisis. C’est en lui que je m’engouffre. C’est dans le silence que je vais me cacher. Percevoir le temps à ce moment précis. Me dire que le temps n’est rien d’autre que ces zones interdites avant deux sexes qui se rencontrent et se donnent. Qu’il n’y a rien entre, si ce n’est de grandes plages vides, des pages blanches, un calendrier mité de solitude et de nuits inexistantes. Je n’évalue rien. L’instinct est le seul organe qui fonctionne et il est vide. Je ne veux plus respirer. Ce silence n’attend-il pas en moi depuis des nuits ? N’est-ce pas ce que je voulais faire et que je n’osais, un fleuve de convoitises et de gestes ? Je suis montée, me suis glissée dans le cœur palpitant. J’ai reculé dans le fond de ma peau, ai tiré fort dessus comme on tend l’arc, j’ai bandé la danse de mon corps et de mon sexe, et j’ai laissé venir tout ça par saccades et souplesses comme on n’en finit plus d’éjaculer son cri.

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