Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 446

vendredi 28 août 2015, par Anna Jouy

Je suis un corps qui parle, je suis un corps qui écrit. Mon corps travaille, comme le bois travaille, le béton travaille, l’acier aussi. Mes cellules se modifient, se tendent, éclatent et puis mon muscle qui se gonfle et se mange au fil des ans. Comme la tête émet des cheveux ; puis les perd. Comme j’ai eu des dents et en ai un peu moins. Ma voix a dévoré de la fumée, a bouffé de la poussière, de l’acide, du sucre ; du baiser. Mon cou est monté d’un cran chaque compliment reçu, puis s’est vissé sous la gifle. Le corps a vécu, il vibre encore. L’écrit se soumet. Il ne peut en être autrement. S’il y eut des moments pleins, peut-être aussi des mots plus ronds. Si maintenant est un peu plus misérable ou plat, l’écrit suivra. Le style est une émanation, une odeur. Il doit avoir les mêmes cellules sans doute. Ce n’est pas qu’il épouse, comme une association hétérogène. Il est transpiré, effort ou pas. Il est lithosphère, épiderme fluide d’un cerveau, d’une pensée, qui est chimie intime et réactions ou synthèses. Je suis un corps las, mûr, éclatant ; un fruit d’herbes.

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