Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 489

mercredi 11 novembre 2015, par Anna Jouy

Parfois, le matin. C’est là. Je peux l’ajuster aux plis de mon corps. Il a le tomber parfait, je porte le temps propre, à nouveau. J’ai trempé dans le détachant, de ces ammoniacs qu’on suppure en rêve et qui ont rongé le mur de nuit. Un instant. Revoilà un baptême, l’eau et sa rumeur pure : j’imagine ma vie si elle valait la peine. Je suis, à nouveau.
Nouvelle séquence, une entrée, une sortie tout de suite après. Je suis les mouvements, le hérissement des gestes, leur affalement ensuite inexorablement, l’éparpillement de ce qui se détache. Mosaïque myope, on appellera ça le parcours. Le doigt est une aiguille sur un sismographe. Tiens j’ai respiré à cet endroit et là longtemps j’ai dormi sans même vivre. On ne dira rien de cette ligne cassée aux rotules, des excès qui perforent chaque larme ni de leur traîne défaillante. On ne dira rien, je boulotte des perles d’éphémère, je mastique la nacre, je bricole la parure, le tour de cou d’un épouvantail. Juste une poussée de chaleur sous la pierre des hommes.
Parfois, le matin. Cela me surprend. Je suis revenue et je ne sais pas pourquoi ni comment. Ici pourtant je ne suis le pain de personne.

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