Aménager une pièce en atelier. Pourquoi pas... Assez d’espace. Assez de vide, assez d’air pour ça. Assez de souvenirs, d’épaisseurs de rancunes, d’idées stagnantes, assez de strates de vie, d’amour mal fait, d’amour mal dit. Assez de feu, de flammes. Assez de dégoûts, d’odeurs de vieux choux fixées entre les lambris, assez de parfums, de sueurs, de miasmes rampants. Assez de baves, de salives, de postillons, d’éructations, assez de paroles en tortillon, de trains d’injures. Assez de sons, de musique, de piano forte et d’orgues molles. Assez de silex coupants, de marbre rude, de granit, de moelles montagneuses. Assez de laine, de poils, de chevelures perdues. Assez de grumeaux, de miettes, de métal imputrescible, de plastiques veules. Il y a assez de tout ici pour nourrir mes dents, mes morsures, la gencive de l’art.