Journal poétique / www.jouyanna.ch

grands mags

jeudi 11 février 2016, par Anna Jouy

Sur ce banc. Y rester. Prendre la pose. Faire mine… Mine c’est le mot : je viens puiser, extraire. Filonner le trafic. Filtrer. Impressions. Ceux qui entrent, d’autres qui sortent. Qui échappent. Qui s’enfuient, qui me dépassent. Désosser comme ça le passant, le caddy plein du ruminant. Une fois sur deux ça bouffe déjà une part du butin. Le traine-savate, le fils, la mère. Le vieux, la morue comme moi. La tronche qui baille et la pire qui graille. Demander au sort de me tirer un dé de beauté ; on est laid à la queue, du cordon d’entrée à l’éparpillement tous azimuts, là-bas, entre les empilements de denrées. On a faim, on est gros. On chipote, on fait semblant de n’avoir besoin de rien pour glisser en cachette un chocolat, un gâteau dans son sac. Au stand poulets, rien de nouveau.
On se tait, on marmonne, on lit sa liste, on liste sa lecture, on vadrouille, on patrouille. Et puis on repasse devant moi, aux jambes croisées, l’air de ne rien vouloir prendre et pourtant qui vole tout, qui observe, qui détaille, qui s’approprie.
Instantss de fécondation. L’humain dans son guêpier, son bourdonnement hypnotique. L’humain qui suit sans doute des danses au radar, qui pactise avec l’inconscient et se laisse traire, stabulation libre dans les rayons. Son regard hagard, son petit bétail de bébés, de frelons piailleurs. Sourires mitigés des arrivées, gueules assommées du retour.
Ici se perd le pollen des jours.


Abeilles
danieldemissy.com

< >

Messages

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.