Journal poétique / www.jouyanna.ch

munitions

dimanche 21 février 2016, par Anna Jouy

Épavement. Déterrer les moellons intérieurs, une pierre une autre encore. À la mine de fer, au pieu d’acier, épaver le terrain de sa route. De sa place. Essayer de retourner au fonds de sable qu’il y avait avant. Avant le pavé, le bloc, puis la colonne des jours. Sentir craquer la terre, les nerfs de l’âme, de la chair pareille. Mon âme toute entière dort dans ma peau triste, comme un parfum dans l’eau, une étendue en tenue de camouflage. Sentir le tissu de ma place, me déraciner. J’arrache je soulève j’entasse. Ce ne sont que des pierres taillées depuis des carrières inconnues. Le mystère de ces carrés mesurés à hauteur de rocs et de résistances. Sentir comme cela s’enlève durement, comme c’était des empreintes dans son propre sang. Une place, où l’on marchait, où l’on battait le temps, une place pour circuler et qu’il faut rendre désormais aux bêtes, aux monocles des lombrics, au sauvage. Epavement de soi, la ville que j’abrite se défait, ses voies d’accès déterrées comme des mottes de résistance. Je me désurbanise. Je jette l’amène, tombereaux de munitions. Je fourbis la révolte par le vide.

Bientôt des lieux vagues où rien ne poussera, à peine la colère et pas de barricades.

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