chant de terre
dimanche 6 mars 2016, par
L’insecte sous la terre joue et crisse. On ne saurait transcrire sa mélodie, le peigne d’écailles qui écarquille les cils du silence. Les dents brossent les vibrisses soniques ; tu écoutes et cette musique parfois, cette musique sans portée, tire des plans désaccordés dans ton âme. Tu grinces admirable tous les chants de la terre, l’éclosion infime des granules, leurs écorces fusillées sous la flotte, le fracas intérieur. Tu en décodes le sens, tu décortiques les gousses du bruit. Dans le mouchoir de terre de ta poche est enroulé le secret. L’écoutant, le possédant par défaut, tu devines que là on dépouille la part tue de la vie ; tu seras à ton tour perceur de caillou. Du corps de tout bruit, dans le puits tu acquiers les compétences du fonds des temps : la pierre est éternelle et d’en être, d’être de l’essence froide du silence, tu sais finalement reconnaître la mort partout, le mouvement grinçant de la mort, qui retourne à sa vie.
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Messages
1. chant de terre, 6 mars 2016, 07:47, par brigetoun
juste le chant qu’il me fallait semble-t-il
enfin sans doute : je crois l’entendre
1. chant de terre, 6 mars 2016, 07:54, par Anna Jouy
l’acuité de notre ouïe... nous livrant tant de cris et de chuchotements.