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peut-être qu’on ne peut écrire qu’en allumant...

dimanche 17 avril 2016, par Anna Jouy

peut-être qu’on ne peut écrire qu’en allumant des mèches de brouillard, tirer sur l’ouate traire l’étouffement des tissus et des conjonctives. la suffocation de ces pesantes eaux, indéterminées, entre pluie et nuées et qui logent dans le crâne. de l’asphyxie qui emplit les narines et les joues. peut-être qu’on ne peut écrire que noyé.

peut-être qu’il est nécessaire de se perdre, d’égarer ses billes sous les couches, de ne pas s’y retrouver -alors on tâte l’invisible, l’encre qu’il y a forcément, on touche quelque chose- et qu’on se sent obligé d’en découdre avec l’air pris dans la gorge, l’air cousu sous le fond nerveux de la langue.
alors on se dit qu’à la main, qu’à la main on peut encore faire quelque chose pour le cri ou le murmure, pour le plat du langage. prêter main forte guetter les brumes et puis les enflammer à la lampe
et ces jours innocents où il fait encore beau, se poster à cette fraction de seconde où on ne sait plus si c’est le jour encore ou alors la nuit déjà. où il faut fermer les yeux avant de comprendre- ou pour comprendre- ... et qu’on bascule du silence, le noir infini du silence, vers une serrure interminable d’étoiles

la nuit lentement file, et quand elle vient je me sens prête à la brume

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