journal de l’aube 546
lundi 9 mai 2016, par
Je me lève à point d’aube je ne supporte plus. On a taillé l’heure trop court, la coupe ras le bol sans aucun doute.
On a décapé mon ouvrage de son vernis d’utile, je suis devenue le larbin de ma paie. J’y vais la main tendue.
À quoi bon, c’est jusque-là qu’on recadre, qu’on épure jusqu’à l’épuisement du verbe. Je me lève déjà raccourcie, étêtée conforme, forme de con.
Je prête mon corps aux rouages, l’âme désactivée.
Je vais comme cela sembler, ajouter ma pièce à l’engrenage.
Je serai écrou boulon, un outil de l’espèce. Il y avait des femmes, des hommes. Désormais compter parmi le genre des prototypes « accessoires » des modèles « ustensiles », genre monoblocs crachés à l’aube.
je pose mon souffle dans la sous-tasse.
A ce soir, lui dis-je doucement, je sors.
J’y meurs.
Messages
1. journal de l’aube 546, 9 mai 2016, 07:47, par aunryz
(paroles d’un autre rouage)
Si seulement l’ensemble pouvait faire autre-chose qu’une machine à user les rouages.
2. journal de l’aube 546, 9 mai 2016, 08:00, par annaj
Oui !!! Ça nous changerait
3. journal de l’aube 546 La lux. , 9 mai 2016, 10:13, par Phil
Le monobloc est une belle nature de montre Suisse posée dans son écrin de velours pourpre ou sur le mur au choix d’une pièce de la maison témoin. Je possède un idéal du temps qui tend vers la perfection synchronisée et précise de l’heure universelle avec mes rouages ou engrenages dentés intimes. C’est le matin, le midi ou le soir que je tique ou je tacle, je clique ou je claque, et parfois même entre deux dates la nuit avec mes aiguilles phosphorescentes qui se croisent sans se toucher. De temps en temps, un petit coucou donne de la voix en écho des alpages au cri d’un bébé amnésique ne cessant de renaître. Puis avec deux doigts las, on remonte le monde pour la semaine l’oeil triste collé au miroir du cadran.
1. journal de l’aube 546 La lux. , 9 mai 2016, 12:18, par Anna Jouy
piquée aux fuseaux horaires, elle s’endort dans son Breitling Orbiter
coucou suisse ou tête de linotte...
4. journal de l’aube 546, 9 mai 2016, 15:48, par Phil
Ou alitée puis brève fusée des aurores fumant son infusion au décollage...
5. journal de l’aube 546, 9 mai 2016, 18:11, par Anna2B
Cette évocation du matin me fait penser, en reflet sombre, à ce tableau d’Hopper nommé "Automat". Vous le connaissez assurément, cette femme seule, devant sa tasse,absorbée par celle-ci. Pause mécanique avant de rentrer dans une solitude installée ou de reprendre machinalement un mystérieux service dans cette nuit qui l’attend.