Je veux boire des citrons, croquer la gencive acide des mots qui doutent qui se perdent s’en retournant à la langue de qui les profère
Je veux sentir cette amertume jaune ce grès dans lequel on sculpte des dents avec un os secret qui court entre les dalles
Savoir que coulent encore la salive des colonnades, le jus de pluie et la raide averse des soleils
Je veux brûler, prendre flammes, garnir ma peau de charbon et de trous où viendront pondre leurs œufs les noctuelles grosses.
Je veux nidifier ainsi dans une terre infréquentable, sans enfants que des pierres et des leurres pour ovules
Je veux connaitre l’engrais de ta pensée ; ma main déjà touche le centre du volcan
Et tu parles en moi comme un terrifiant symptôme, je suis ton autre cantique, c’est-à-dire ce ciel où se sont échouées des barques vertes et silencieuses
Tu regardes le lointain et traverses le désert d’écumes
Je me détourne et je passe à la lime les canines du soleil
Nous sommes dos à dos et résonne en ton ventre et le mien la corne d’un souffle à la créance du vent