Suivi. Faire le suivi. On piste ainsi des gens, de leurs mots à leurs gestes, de leurs postures à leurs éboulis. On suit la courbe des températures. Un certain nombre d’entre nous ne fait que ça. Établir le suivi des gens. De la respiration ordinaire au moindre hoquet. Chaque bouffée d’air dans les tuyauteries du vivant.

Et c’est ainsi l’étonnante raison d’exister des administratifs, nécessaires calibreurs du réel. D’un dossier à un autre d’un parafe à un autre, la vie s’échantillonne, cela aussi inutilement qu’absolument indispensable

Quelqu’un gagne sa vie peut-être parce qu’il me suit qu’il note avec attention les balancements de mon aiguille, les frémissements de mon cerveau et les tempêtes de bocal qui m’agitent par moments.

Ce jour, ai mal fait le suivi de mes repas, mangé trop de pain, fait peu d’effort, usé mal du temps imparti, profité honteusement du soleil, et voulu ne penser à rien l’espace d’une fraction sur la comptabilité de mon suiveur.