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journal de l’aube 613

mardi 26 juillet 2016, par Anna Jouy

ne rien pouvoir garder de la nuit, ça me pousse à écrire, ça m’exaspère le bras, les doigts, me rebelle. nervosité, entêtement intérieur absurde et insoluble. cette sensation de tenir un autre domaine, ailleurs, un domaine aux extensions interminables, les possibles-le peut-être, lieu sans faim ni soif, sans labeur mais avec cette intensité d’actions pourtant. je bute après la nuit devant la blancheur de l’aube, devant la feuille, devant l’état cancre du lever. comme si je n’étais pas foutue de me plier à la leçon du songe et qu’il fallait défier quelque chose, quelqu’un !
est-ce de ne rien pouvoir rétablir de ce côté-ci de la chair qui pousse alors à repêcher la nostalgie, -entendre impuissance absolue et puissance rêvée- ?

Mais peut-on écrire quelque chose autrement qu’avec cette certitude de ne jamais y parvenir ? Obligée, contrainte, réfutante, tenter l’expérience ad aeternum . Je ressens dans le rêve des impressions inconnues, seule chose d’ailleurs que j’y fais ressentir. peur, jalousie, amour intense, confiance... ce ne sont que des états pour lesquels se montent des scénarios invraisemblables mais pourtant forts. et je sors du rêve les ayant vécus. Promesse que jamais encore mes mots n’ont réussi à tenir. transcriptions maladroites, malheureuses, la langue manque de souplesse pour appartenir au rêve de l’homme. c’est comme vouloir tricoter des pierres ! mots briques mortier de mots mots inflexibles pour une substance éphémère et fumeuse.

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