Journal poétique / www.jouyanna.ch

octobre

mardi 18 octobre 2016, par Anna Jouy

il n’y a guère plus de distance d’ici à la fenêtre qu’à toucher l’infini. je pose ma main sur le froid. l’air déjà m’emporte et fonce. là-bas sans arrêt jusqu’à Vladivostok et puis l’océan encore jusqu’à me reprendre par le cou, par derrière la tête mes phalanges serrant la carotide et mon souffle qui expulse les vapeurs du voyage.
je me tiens debout devant l’éternité, cela fait deux bras d’absolu. et je reparsà nouveau d’un élan prodigieux et traverse. je fais d’une traite les ports d’Istanbul, le lac Baïkal, sans repos de bouleaux, de tourbières, sans halte pipi à Krasnoyarsk. je sens juste le coup de reins d’une haie à franchir, propulsé d’un tartan d’étoiles.
je repars, je glisse dans les eaux. j’y trouve mille cheveux gris et argent de vieux morts, du tas des nageurs de l’impossible, qui roupillent maintenant sous leurs barques, bouées humaines, flotteurs compagnons des épuisements et des engelures.
et me revoilà devant ma fenêtre, la glace sans avenir dit-on en traversant la rue, quand elle bute et s’effondre contre les colonnes du parking. je sens ma main hésiter et revenir démantibulée.
mais il faut apprendre à bondir et ne vouloir de retour que dans le dos des êtres, l’appui de quelques os pour tourniquet. révolution d’octobre

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