journal de l’aube 634
jeudi 20 octobre 2016, par
Le mot m’empoigne, lumière crocheteuse.
Il enfonce son passe-partout dans tous mes pores. Il entre, lève l’écrou. Le voilà qui passe, de la veine du cou à la trachée, qu’il déglutit mon esprit, petite secousse de salive. Une boule mystérieuse comme un silence rond et lourd, une bille de verre qui descend sous le plexus, y loger son éclat.
Et cet œil qui dort dedans.
Un mot m’empoigne. Il entre, il m’oblige à fréquenter les cavernes du sang. Ce n’est pourtant qu’un déguisement, un masque voilant la bouche. Un mot qui se rend chez lui. Un peu ivre, avec à ses trousses des chapelets de réverbères. J’attends, d’instinct je suis armée. Mes pieds enfoncent mon quota de racines car je suis femme volatile. J’ai des projets de chevelure. Des pactes avec l’azur, un chignon de chez Dior. J’attends, le qui vive à la ceinture. Ventre bas, qui murmure. Un mot a déjà pesé ici autrefois de tout son poids. Et il en est sorti mutilé, criard et geignant de bleus et de caillots. Je garde la position, je tiens. Un mot avec ses serres comme oiseau sur le cou. Un mot prêt à cracher, emballé, pensé. Plus qu’à servir. Que le dire avec son couteau. Et proférer.
Messages
1. journal de l’aube 634, 20 octobre 2016, 08:29, par Claudine Mangen-Sales
Beau bébé, de sœur de craie à sœur-poète