journal de l’aube 639
lundi 7 novembre 2016, par
à l’intime liqueur nous sommes conviés, comme des estuaires de fleuves fleurissent parmi des joncs. confiés pareil, dissous, dans les étrennes de nos soupirs. nous pensons nous étendre, devenir plus étreints de la terre et du ciel. nous pensons au large auquel il va falloir céder nos terres charnues, nos socles de pierre. nous pensons à ce baiser d’alligator qui brille à la surface endormie du soleil et qui fera craquer le squelette du temps. conviés, au fil des sèves à mourir jusque dans nos cheveux.
nous éclatons, nous nous ramifions. nous goûtons les éclairs, l’égouttoir des étincelles. nous nous éparpillons dans le buvard de la mort. c’est loin d’être petit, loin d’être des anecdotes. notre sang prolifère et chemine, comme fait des chemins. nous usons le relief des digues, nous voulons disparaitre. et nous, dont nous savons le sable, la cendre, l’épaisseur du limon, nous allons un instant ensèvés, fluides, dormir sous la mer.