bruits
lundi 14 novembre 2016, par
sortir de la nuit comme un objet, un bruit, les talons aiguilles d’un rêve qui feraient comme ça des perforations sonores dans les lilas de l’aube. sortir avec la porte, la prendre avec moi, comme une échelle. je la poserais n’importe où dans le paysage ou dans le temps. je la passerais et changerais aussitôt de tumulte. sortir de la nuit, le réveil comme un cœur qui bat trop fort, au point de l’alarme- il y a des bijoux qui embaument le bruit, des sons favorables comme un peu de Shalimar dans le creux de l’oreille. revenir dans la vie par le babil du vacarme, quand le monde autour apprend encore à bruire avant que de s’enfoncer dans les vociférations, la vaste soupe moulinée des turbulences humaines. infect brouet des sons.
un tuyau aspire l’eau, le chauffage s’ébroue, mes pas nus écrasent les tommettes. même mes cils résonnent dans ma tête comme un balai sur les trottoirs. le matin monte.
bientôt il faudra faire un bruit adulte. il faudra revêtir son cri, endosser des mâchoires claquantes, imposer sa langue, comme une hostie de sang postillonnant sur le jour blanc.
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Messages
1. bruits, 14 novembre 2016, 06:55, par Claudine Mangen-Sales
mmm le parfum et les gestes
2. bruits, 14 novembre 2016, 20:13, par aunryz
calliphonie.
___
[un bruit d’adulte
...saurais pas faire]
3. bruits, 14 novembre 2016, 20:42, par Anna2B
Oh... Les lilas de l’aube...
Image surréaliste de la porte transportée... J’aime.
Quel jeu subtile entre les sensations... Comme le son prend du volume dans ce texte à l’arrivée du jour pourtant repoussé avec délicatesse.
Le bruit adulte, l’entrée dans le monde du jour, être de sa violence..
Mais quel texte !!!