Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 643

samedi 19 novembre 2016, par Anna Jouy

je traverse un eau intacte, intacte c’est-à dire qui ne fait pas ce bruit qu’on entend dans ce mot et qui claque. dedans les corps assoupis de mes morts, aussi sages aussi raides que l’obscur.
chaque nuit je traverse, sans la défaire d’ourlets d’écume et de colliers voyageurs, la place où dorment les fluides du connaitre. je marche sur le lac sans le comprendre, sans l’étreindre. je ne frôle même pas sa surface plane et mystérieuse, je dors sans rêve. mais certaines fois, ma tête est pesante et mon âme lestée de faims et de Dieu. je m’enfonce alors. je descends une à une les cascades des cryptes humides. je laisse en gage le souffle à la porte des flots, c’est le prix de la Mort, la caution. on me dit que ce ne sont que des baptêmes rapides, fugaces et sans durée. je suis trempée comme un bol dans la source, comme une écuelle percée. je remonte aussitôt et dans le rideau pluvieux des restes de l’eau, j’essaie de rencontrer mon ombre.

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