journal de l’aube 646
mardi 29 novembre 2016, par
je monte volontaire, sur la machine à remonter la chambre. la selle est dure et froide. mes fesses grasses dessus plaquées, j’actionne. il s’agit d’élever la vie à la pédale, comme un rideau de scène antique. mes mains portent encore les digitales du songe. je gante. la chambre avec vue est à dresser. je suis dans la nuit centenaire sur le véhicule sans ombre. j’écoute le roulement monocorde qui m’engrène. traverser la chambre peut prendre une demi-heure. chaque fois je pénètre dans les plis de l’obscurité. je passe tout un pays. je vais d’une mégapole à l’autre. parfois je ne franchis que de courtes distances, d’un canton au suivant, avec trois arrêts dans des gares subalternes qui n’ont plus de guichet, plus de chef, plus personne, qu’un automate rouge et gris qui crachote billets et monnaie. parfois je ne vais que de la porte de ma voisine à ce balcon d’immeuble, je compte les feuilles mortes. le plus souvent, défile sous mes yeux toute une histoire sans mots, le feuilleton des morts, celui des acrobates encore vifs, et la route impassible. et moi, dans ma combinaison de secrets.
Messages
1. journal de l’aube 646, 29 novembre 2016, 08:50, par Anna2B
D’une chambre vide à d’autres désertées qui balaient des paysages et remontent le temps. Tristesse.