* pont de nuit Je gravis chaque soir une...
samedi 22 juillet 2017, par
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pont de nuit
Je gravis chaque soir une échelle de corde
Elle pend et bat le flanc de goudron d’une inatteignable bâtisse. Je me hisse là-haut, lourde de trop de bagages
Je m’y tire, je palanque jusqu’à ces sommets célestes . Y parvenir et la rejoindre.
Chaque soir moi fidèle à mon escalade et elle qui toujours revient en plume déjetée à l’ancre du poète
ou fragile esquif reliant l’Ouest à l’Est à coups de palmes sombres
Parfois voilier ébouriffé du vent des « grands » savoirs ou galère sur viscères garnies d’esclaves, tremblant sous les pleurs des tambours
Et puis, barque de Charon, secouée du rire jaune des géants disparus
l’Invincible Armada du graveur à la manière noire
J’y monte car c’est au ciel que se tient la nuit
passerelle de mousse, de crépon et de deuil
viaduc aux ailes noires porteur des eaux secrètes
pont de chair dont les piliers font des arches aux lèvres des marins
Impalpable mystérieux pont sur lequel je ne peux m’engager qu’en empruntant – paradoxe du sommeil- des bateaux ou des vaisseaux fantômes.
J’y glisse, car c’est de nuit que le ciel enjambe la temps, c’est de noires nuits ou de nuits blanches qu’il jette un pont après l’autre, les filins qui nouent nos jours,
Et encore de ce noir, cet obscur qu’il vitrifie notre temps de sable jeté aux yeux des voyageurs
Architecture de l’invisible, ce pont de la nuit, dont j’ignore les matières, les contours et que nous abordons tous pourtant
en confiance, en funambule, les bras en balancier.