Ma maison transparente, bulle sortie d’un jeu d’enfant. Ou le contraire. C’est là que je loge, prisonnière, à la nue de tous. Cette liberté qui semble la mienne est clôturée d’un tissu de savon qui monte, qui roule sous chaque souffle, sous chaque mot. Et j’ai l’air légère, au-dessus de aiguilles, vagabonde, joyeuse. On se dit, elle vole ; elle n’a ni attache, ni contrainte. Elle défie les lois des femmes. Mais dans l’écrin de cette buée élastique, je ne peux rien toucher, le simple mouvement d’un doigt percerait le voyage.
Cette bulle je l’ai faite lever, s’enfler, à beaucoup dire- la bavasse des poètes qui en font trop-, qui ne cessent de jeter des branches et des feuilles pour chauffer l’apesanteur. J’ai alimenté cette poche de paroles flambeuses, d’étincelles, nourri les tisserands de savon. J’ai fourbi le canon à pétiller. Je me tenais de côté et puis je suis entrée dans l’isoloir des salives qui se la pètent. J’ai entouré ma tête du filet invisible, j’ai laissé mes pieds sur terre, mes bras, mes mains.
Je suis dans cette cloche muette. Je regarde l’air qui s’éclaircit, s’efface même. Au prochain nuage, j’éclate et tombe