Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 123

samedi 7 décembre 2013, par Anna Jouy

il n’y a que la mort pour nous trouver au point exact de notre respiration. le reste est un chemin qui se dérobe, qui ne cesse de creuser devant lui l’espace cosmogonique, impossible à franchir.
tant de gens qui me regardent, qui imaginent être assis dans le fauteuil rouge de la chambre du secret ; le tableau, la femme nue...mais rien n’arrive vraiment à donner vie à cette chair d’huile et de térébenthine, encore prisonnière de la toile.
lave-moi, nettoie jusqu’à l’os la blessure de ces couleurs, fais disparaitre ma figure, le portrait figé, les traits que le noir ne cesse de creuser. remets-moi, blanche, sans apprêt à la douane du vent. y flotter sans reddition sur le chantier d’un vivre hors-sol.
me dire .
recommence, prends la gomme, tire dans le gras, étire, malaxe les nuances. rends-moi aussi imprécise, aussi transparente que possible. fais les gestes nécessaires, si tu prends tant de peine à venir, à t’asseoir ici en pur voyeur, devant le tableau que je suis peut-être, alors qu’il y a ce que tu touches et ce que, dedans ou derrière, je respire, enfouie dans la masse huileuse des lumières..

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