textes de passage ... vibrations
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Dans ma tête, croît une planète. Une agate de...
1er février 2019
Dans ma tête, croît une planète. Une agate de mort. Elle pousse à la frise de l’os. Prolifère et me couvre de feuilles. Je vais dans la mangrove intérieure, il pleut des flocons de matière, de pollens farceurs, les squames de la mémoire. Il n’y a plus de place dans mon univers et la ville ronde et ivre jette partout ses échelles de corde. On dirait qu’une autre forêt pousse dans le crâne. Une forêt vénéneuse, sortie debout sur les racines se (...) -
à chaque mot dit un silence-attache comme un...
25 janvier 2019
à chaque mot dit un silence-attache comme une bulle qui contiendrait le reste du monde as-tu le pouvoir de lire ces phylactères ? je traine derrière moi des lunes muettes, je fume Saturne à chaque phrase et parfois ce que je n'ai pas prononcé parle mieux que ma bouche on dirait qu'au plafond, la fumée répète le discours, géographe légère de mes ratures ce qu'il y a dans l'anneau est plus bavard que l'enclos, empli d'un souffle d'air ce (...) -
Alors je prends la brique du nouveau ciel,...
20 janvier 2019
Alors je prends la brique du nouveau ciel, transparente fenêtre Je la cimente à hier qui déjà a perdu cette limpide matière des choses inconnues J’y vois prisonniers les mots et leurs images, j’y vois le lait d’un jour gelé dans l’herbe Je transforme matin après matin le verre en fossiles Ma naissance est un granit, mon enfance de la molasse et hier le sable en feu Debout face à l’aube, je respire le temps Je broie le vent Le jour devant (...) -
déjà nous remontons le fleuve noir. on accroche...
27 décembre 2018
déjà nous remontons le fleuve noir. on accroche sa barque à un trait de lumière, un de ces vieux chevaux qui longent les canaux. lentement on retourne vers le cœur rouge. comme des enfants prodigues. l'obscurité qu'on a voulue pour noyer nos folies, nos désirs ne nous atteint plus. je décolle de la glu sous un grand gel blanc. je me détache simplement du corps (...) -
Observatoire
13 décembre 2018
Le matin remonte les cartes et les planisphères L’esclave élève les dimensions effacées. Le soleil redresse les barricades, jette les distances et les javelots brisés du regard. Je mets des formes à mon âme, vêtement de travail. Ne pas être nue parmi les nues L'habit épouse l’informe et trompe le chercheur d’or Origami de l’oiseau en tenue de camouflage Puis la nuit revient et m’efface en ouvrant la toiture de l’univers Le soir c'est café (...) -
Il y a des jours fermés comme des ceintures....
1er décembre 2018
Il y a des jours fermés comme des ceintures. On sent le frein du laiton traverser le cuir. On sent le serpent sur la peau et l’anneau qui serre le souffle aux remparts des os, Une attache, un coulisseau et contre soi la laisse de la mort Des jours qu’on garde en sa maison comme des bêtes rondes se dévorant – la nuit sans cesse enfile le jour. Et je porte alors cette couenne sordide jusqu’au soir prochain, un lacet au cou, des menottes de (...) -
Je surgis comme l’eau du geyser, c’est la nuit...
24 novembre 2018
Je surgis comme l’eau du geyser, c’est la nuit qui se retourne. Pendant quelques heures, je suis le revers d’un gant de rêves. Une cloque surprenante qui revient d’une autre lumière. L’amour qui brûle sous la croûte des aubes, lève mon corps de feu, je suis un épi dru. J’apparais, je vis et retombe bien mort avec le jour. Que se passe-t-il alors sous le sommeil de terre ? Je ne reconnais qu’un soleil pâle qui se joue de ma flamme ; la source (...) -
demain je nettoie le ciel j’ai vu qu’il y...
11 novembre 2018
demain je nettoie le ciel j'ai vu qu'il y restait des traces de pas le chemin oublié d'un pèlerin de poussière j'ai dans l'idée que le dernier invité de la mort avait les pieds mouillés et une semelle de terre mais pour affiner l'au-delà j'ai besoin d'un escabeau à la cueillette des blanches éponges -
Chaque nuit le jour revient avec ses images....
24 octobre 2018
Chaque nuit le jour revient avec ses images. Dans l’autre pays, on réclame des nouvelles de l’éveil. J’y ouvre mon cahier, je lui récite ma fable par bribes et morceaux. La nuit assemble mes mots de grosses ficelles . Elle file l’unique langue des chercheurs de lune. Je suis là-bas l’ombre de l’encre. Et à l’aube, j’inscris les phylactères du (...) -
pavillon noir
14 octobre 2018
Je ferme la porte, aussi la fenêtre. J’entre en moi, je descends les sèves des écorces, la gamme sombre du chant. Pourquoi fait-il toujours nuit en soi ? Je dilue ma présence dans les huiles des couleurs. C’est l’osmose arc-en-ciel du sel et de la mer ; les banquises s’effacent, blanches, au-dessus, dans l’espace. et moi, je creuse dans la mort la fibre optique du futur. Je ferme le poing, mes ongles mutilants retournés sur mes lignes de (...)