hors chants
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Battements. Les volets. Le vent tourne. Plein...
26 mai 2020
Battements. Les volets. Le vent tourne. Plein front. Il faut pencher le corps, fendre quelque chose qui résiste sans en avoir l’air. Se jeter dans la masse transparente, les épaules tranchantes. Mon allure aiguisée, fraichement à la pierre à fusil, je vais à contre-courant, au fil du rasoir. Tout est résistance, je penche sur la portance d’un souffle trop violent. Cette marche avec les bras en carabine dans l’épaisseur du vent, dans la (...)
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Je prends ma pilule, je l’enrobe de vin, le...
20 mai 2020
Je prends ma pilule, je l’enrobe de vin, le tanin de l’aube à fleur de langue. Ma bouche n’en veut pas, mon corps non plus. Ça fait sursauter la gorge sans débrayage. La bestiole flotte un instant, je serre la mâchoire comme un chat récalcitrant. J’avale. Parfois le vin ne suffit pas, il y a des aurores blanches. Pui je déglutis, je ne suis pas le maître du poison. Et c’en est fini de ma vie (...)
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Nous sommes liés Je tourne autour de ton âme...
11 mai 2020
Nous sommes liés
Je tourne autour de ton âme
Cette veuve noire qui s’éteint doucement comme les pierres,
Le pistil engrossé de manège.
Je dessine dans l’air une géométrie d’attaches amoureuses
Un mandala interminable
Nous sommes liés
Dès le tour d’horloge qui figea nos rouages
Tu es triste et sombre
Et je frotte la pierre à briquet
Je tourne, je frotte
En vain (...)
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En ce moment, je suis une tige d’humain dans...
9 mars 2020
En ce moment, je suis une tige d’humain dans un pré.
Parfois dans la forêt
Mon espace est une chambre au centre d’un lopin
Je suis la plante semi-mobile, la paille méditante d’une espèce qui a enfin trouvé sa place : au bout du vent.
Je suis parmi les végétaux, parmi les larves, les chats et les buissons, d’une sorte instable, un vivant variable qui n’a ni projet, ni intention.
Mon âme donne la main à toutes les vies. Je n’ai rien à leur dire. (...)
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la maison est éteinte comme un feu corps...
16 février 2020
la maison est éteinte
comme un feu
corps prisonnier manque d'air sans amour qui tisonne
il n'y a plus de rumeur, ce choc d'âme à cœur, la guerre des souffles court toujours
écrire ne sert à rien
ni à maintenir une braise
combien de tringles pour un écho de lumière
mon corps ligné, fendu riverain des pailles
j'ai essayé, écrit
n'être qu'un bruit sourd dans le tumulte
même pas (...)
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Chaque semaine, je frappe à la porte de...
8 février 2020
Chaque semaine, je frappe à la porte de l’enfant
Il me montre dans des vitrines bleues sa collection d’ailes écorchées comme un trésor d’archéologue. La tombe des anges un à un, chapelets violacés ensevelis sous le cuir.
Il écosse pour moi ses petits poings rageurs, la boxe des faibles tabasse les souvenirs
Chaque semaine, j’éloigne les bandelettes des morts, les embaumeurs avaient du fil à retordre ; le corps suspendu dans son sarcophage (...)
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Il n’y a pas grand-chose ; j’aime cette nudité...
27 janvier 2020
Il n’y a pas grand-chose ; j’aime cette nudité du jour dans lequel on va les mains vides et blanches
Les yeux fermés, on essaie de remplir son souffle d’arbres de passage. On essaie de peser le ciel, les paumes sur les genoux et l’on s’étonne qu’il y ait des esprits dans l’une et des flocons dans l’autre.
Parfois un chahut frais traverse la voix. Traduire le vent, la langue collée sur le givre c’est racler le pare-brise.
Le jour sans (...)
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Je ne possède que le crépuscule et l’aube, ce...
18 janvier 2020
Je ne possède que le crépuscule et l’aube, ce sont les murs de la chambre
La pendule trace au fil à plomb le cadastre de mon bien
Et comme un géomètre à cheval sur son monocle
Je prends la mesure rouge des rampes de lumière
Je ne vis pas autre part.
D’Est en Ouest, à toucher de mes gants de valet
L’immense propriété du Maître.
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braver l’inquiétude, qui est une volaille...
13 janvier 2020
braver l'inquiétude, qui est de la volaille dressée à picorer mon crâne
il faut du courage pour attraper les rapaces au piège du cœur
braver cette agitation de becs et de serres, hissée parmi mes quelques cheveux d'ange
ne pas confondre le vol et le vol
soupeser la plume avant de fixer le prix et le poids de l'innocence
l'inquiétude épervière
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ma vie dans la mégapole des herbes
1er janvier 2020
Ma ville, c’est l’architecture des pierres sous le pas, les maisons closes des corolles, le trafic aux échangeurs de l’absence, quand se froissent les insectes.
Ma ville, c’est le container de la pluie qui retient l’averse dans sa tirelire, les pieds cloutés des hommes orange, dealers des rails sablonneux des extases de poussière.
Ma ville, c’est le quadrillage ivre des rues de platanes, les terrains vagues mis en plis par des coiffeurs de (...)