hors chants
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dire mais ne pas raconter. ne rien se...
27 août 2019
dire mais ne pas raconter. ne rien se raconter, surtout pas des histoires. il y a bien assez de la vie pour compléter le texte.
boucher des trous , rapiécer, rabattre les ourlets sur mes franges. je dois quilter les couleurs, faire des maisons, des géométries variables, des figures.
la mienne quoi...
papiers pour la toilette intime, intime comme la pensée, la dernière mue des sens, cette sorte d'écume qui me pousse parmi, dans le (...)
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je parle beaucoup de la terre, je bégaie je...
22 août 2019
il y a un râteau pour les mots pour les feuilles : je bégaie je rature
terre, tu es la matière vibrante de mes cellules
je raisonne comme la tourbe, les taupinières, les flaques.
elle brûle, mon intérieur a pris feu.
ce qui tremble sur terre
ce sont les mots d’amour
et ce pont sur la boue
un arc de corps qui danse
d’un côté le premier pas
de l’autre la main dans le sol lâche des falaises
sur mon ventre la glace blanche
c’est
quand le rêve (...)
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j’entends les pas qui ébranlent mon toit le...
16 août 2019
j'entends les pas qui ébranlent mon toit
le roulis des graviers
frappant les racines
sous les fleurs,
sous le jardin
ils entrent et poussent
ton voyage dans mon lopin de terre
alors mon cœur
assoupi parmi les gemmes et les légumes
façonne tes mots
dans la glaise des grelots
quand tu poursuis à cloche-pied
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chaque matin, je jette mon grappin dans le...
11 août 2019
chaque matin, je jette mon grappin dans le ciel.
je suis la corde des fakirs.
j'essaie la légèreté, discrète gymnaste des nuages
mon corps reste une ancre au jardin des hommes,
une baie de graines et d'écailles
là-haut les ondes bavardent comme des médailles épinglées de soleil
j'essaie la lumière aussi
la poudreuse essentielle
jusqu'à la cloche qui passe d'une campagne à l'autre
ce fruit éteint des églises
le dernier mot des (...)
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je viens de voir passer un homme heureux et...
17 juillet 2019
je viens de voir passer un homme heureux
et je me demande à quoi je le sais :
il était plus grand que sa taille
j'ai cru qu'il allait dire quelque chose
mais il s'est tu
à ses côtés, une femme
comme elle avançait la tête timidement tendue vers le sol
je sus qu'elle aussi.
je suis assise sur le balcon frisquet, c'est pour ça que j'en suis sûre
le pré entre nous est dressé, une couche pour les promeneurs, mon (...)
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...Je suis Emma c’est mon juste prénom. Je...
18 juin 2019
...Je suis Emma c'est mon juste prénom. Je suis sa mère. Cet enfant m’a été donné pour tout le mal qu’on m’a fait peut-être. J’ai été le chercher hors du cercle dans lequel je tournais en rond. Parce que ça m’était nécessaire, parce que je voulais ma revanche, parce que je voulais une fois de l’amour. Tout le monde en parlait autour de moi. L’amour, l’amour ! Je pensais que ça sortait des magazines, des émissions de radio, des chansons qu’on (...)
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stérile
11 juin 2019
Maintenant, c’est clair. Le temps a passé. C’est inutile d'y croire encore. Il n’y aura pas d’enfant. Jamais. Le temps de l’espérance est fini. Terminus. C’est comme si maintenant commençait la très longue fin de sa vie. C’est l’âge, elle n’aura pas d’enfant. Elle a chaque mois souhaité, prié, maudit, pleuré. Et chaque mois recommencé encore obstinément malgré le temps, les années. Il y eut pire que toutes les autres, ces quelques semaines où elle a (...)
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C’est un lever ordinaire. Il y a ce bruit de...
8 juin 2019
C’est un lever ordinaire. Il y a ce bruit de tondeuse lointain et si régulier qu’il trace une ligne rouge dans ma tête. Pas encore de musique. Je n’ai pas médité. Un lever ordinaire dans un monde qui a rétréci, le territoire étroit du matin quand on a dormi à peine mais longtemps, toujours à la surface du rêve. Et puis on se lève, on s’aperçoit, mais c’est juste cette sensation d’une île, que l’eau est venue tout autour. Le reste s’est effondré, (...)
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j’en ai assez d’internet, du téléphone, du...
5 juin 2019
j'en ai assez d'internet, du téléphone, du portable, j'en ai assez des écrans des chats, des skype. j'en ai assez des messages.
j'en ai assez des mensonges.
j'en ai assez de ces objets de la communication qui poussent à l'imposture
à qui on ment, à qui on a menti ? quand est-ce que le mensonge est venu. à qui était-il destiné finalement.
avec les pourvoyeurs de tromperie. on peut tout cacher, tout trahir. et surtout soi-même.
et puis ne (...)
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je suis de ces gens qui croient aux anges...
31 mai 2019
je suis de ces gens qui croient aux anges
parce qu'entendre des voix
ne suffit pas à les croire sur parole
alors mettre un corps indicible aux choses inouïes
c'est comme draper le vent d'une culotte blanche et écouter religieusement la cantate des lessives