rêves-traduction de la nuit
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colère
25 octobre 2018
Tant mieux, ma colère ne s’habille que de poussière
Le cri passe
Comme un poing dans la lumière
Il n’y a sur le sol que des bris de vitre, des écueils remplis d’eau
L’épluchure du silence
La colère a pris l’écho de transparence.
Son personnage est nu
Vide, absent.
Épouvantail éclaté parmi les glanes de la paille.
Un courroux sans figure, quelques mots en bataille
Aucun visage à lever, aucune joue à tendre
Il n’y a rien à défendre
Ma rage (...)
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le cap de bonne transparence
18 octobre 2018
chaque matin la lumière m'éclaircit- herbe ménagère, brève fumée d'encensoir. je me mêle au brouillard, je m'embrouille.
j'égrappe ma silhouette, je tamise du chapeau.
je jette mon pain sur le bord des fenêtres.
passent des corneilles à la saveur café ; des pies, des merles me dévorent à coups de bec.
j'avance dans le jour trouée de sarbacanes, mitée de soleil.
le temps me déshabille. j'arrive au couchant brumeuse litière, si friable que la nuit (...)
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Mon rire bascule il y a des puits partout...
11 octobre 2018
Mon rire bascule il y a des puits partout où s'enlisent ses œufs.
Il bascule des pontons, des plongeoirs, au battant d’une horloge qui chavire le temps et entaille le bleu.
Mon rire, agrafé dans ma gorge, un sac de graviers broyeurs de haut-le-cœur.
Quand il y a encore entre chacune de ses billes, une écorchure, un éclat de rapace,
Le projet d’un chant,
Le misérable léger au cœur d’un orage.
Ce monde me hérisse.
On y parle sans honte de haine (...)
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migration
4 octobre 2018
J’ai déplié la sieste sur les vagues relax de la plage. Je dors ainsi à la courbe du nuage
Ce sommeil suspendu qui tricote ses chats entre deux couvertures.
J’ai sur la poitrine les tubercules de la peur et sur le front la fièvre chaude d’un baiser de lumière
Je partage en ombre et soleil le pain de fatigue
Le rêve fait de moi un navire aux cent drames sur une mer planche de cadavres
ô mon frère qui voyage, je t’aime.
Je te vois choisir (...)
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je cherche l’enfant, la seule cour où vivre...
25 septembre 2018
je cherche l'enfant, la seule cour où vivre encore. son rire grimpe aux lierres du souvenir.
parfois dans l'air, dans la lumière, la légèreté de ce babil, quand la plume n'était que l'habit des oiseaux.
je pêche désormais à la cuillère la lourdeur des rapaces, le ciel est épais pire qu'un fleuve gâté. mon corps trop vieux leste l'innocence. il façonne des tombes à l'aplomb de chaque mot.
la nuit ligneuse grave des trombes rouges au milieu des (...)
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Nous lisons le ciel à la même page. Le script...
19 septembre 2018
Nous lisons le ciel à la même page.
Le script de l’eau sur le buvard du jour
Nœuds de pluie dans le grand cahier
On a lissé les nuages au peigne fin
Tu as si peu de choses à me dire
Je suis de mon doigt ta ligne de syllabes
Calligraphie d’écolier
Tu ne graves plus rien, tu t’écoules
Et je veille tes mots d’enfant.
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Une plaine entière rentre dans la maison,...
2 septembre 2018
Une plaine entière rentre dans la maison, lisse comme le vent. Mon corps attend sur le chemin, cabale de fenêtres
Qui claquent et battent, le fouet et l’étrille.
Et la course haletante
Ça sent la verdure froide, l’herbe de l’espace.Une plaine entière rentre dans la maison.
L’homme vient de loin, une voie de semences
Les rizières de tulipes
Les champs mouillés de fleurs
Je suis la femme de planches, du vieux bois gris,une sombre cabane, tout (...)
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Je tombe chaque sommeil dans le temps. J’ai...
13 août 2018
Je tombe chaque sommeil dans le temps.
J’ai touché l’invisible, comme une algue au fond de l’eau.
Il glisse entre les vagues du silence, je coule ainsi dans ta matière, les fluides ondoyant de ton cœur.
Et ces milliers de pas entre la vase des racines et la surface d'une pupille.
Nous sommes de l’air et de l’eau.
Entre nous les doigts écorchés d'un peu de sable. Et l’impossible feu.
J’ai le regret de mon rêve ; la ville qui t’aime (...)
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Tu m’appris que l’on mange les pêches avec un...
11 août 2018
Tu m'apprends que l'on mange les pêches avec un couteau. Ton canif écrit sur les arbres. Et chaque fruit porte déjà la marque de tes dents.
Tu vas en avance des saisons dans le verger, je reviens chaque été, autre, neuve et toujours blessée. Tu fréquentes les écorces, en graveur.
Tu veux dire le cœur, la flèche et l'éternité ; je tombe morte juteuse à tes pieds enfouissant des noyaux de terre.
Comment pourrions-nous nous connaitre ? Tous les (...)
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je ne vais rien dire. le rêve ressemble trop à...
8 août 2018
je ne vais rien dire. le rêve ressemble trop à mes jours. la nuit aux bras coupés n'écrit plus de poème qu'avec les mots du labeur. ai-je vendu le repos à ces colporteurs de nouvelles, de têtes coupées, de malheurs !
assise comme une ombre, je laisse l'aube me perforer. elle vient jeter sur le sol les silhouettes des songes.
sur la terre comme au ciel, le calligramme du temps.
.je joue simplement de mon instrument mais ne suis qu'une (...)