rêves-traduction de la nuit
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Ce sont des grains de soif, des grains de lac...
4 août 2018
Ce sont des grains de soif, des grains de lac, des grains de mer. Nous allons pétrir la pluie à la croûte craquante qui dort dans le blé.
La lune aux larges épaules marche lourd debout dans les arbres. Elle tire l’amour, assise sur mon cœur, charrue céleste.
Je m’accroche aux images du monde, la Terre rouge de sa blessure. Restera-t-il assez d’épicéas, de geysers ? Restera-t-il encore des astres pour porter les hommes ou feront-ils désormais (...)
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en une nuit
31 juillet 2018
en une nuit mes ongles ont poussé, ils ont gratté la canaille. et j'ai senti l'oiseau grandir entre mes serres.
en une nuit, ma bouche a soudé tous mes mots, elle crie d'une seule corde âpre
en une nuit légère et duveteuse, j'ai appris le vol et la haute distance
mon corps dépecé de son souffle a suivi l'arbre qui pleure
il a bruit d'un autre vent., chevelure de fils et d'enfants
le jour revient, il enroule mes envols, il pétrit la glaise (...)
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je me lève tard, trop tard. même endormie je...
29 juillet 2018
je me lève tard, trop tard. même endormie je suis envahie par le monde. j'ai suivi le mouvement des heures. ce cri de très loin a chamboulé mon corps, ce rire, ce pleur, cette colère ont jeté leur caillou dans ma nuit. j'ai tremblé.
tard. le soleil se transforme en poussière.il entre dans mes poumons, brûlant et lourd. je me plie sous le sable de lumière, je me plie à la courbe du jour, j'épouse une ronde savante, - je vais sous la main de (...)
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je renais dans la chambre du monde dans un...
26 février 2018
je renais dans la chambre du monde
dans un être aux jours non-comptés
neuve,
me voici tortue aux dix mille jours
neuve,
me voici baleine, chenille et punaise
je suis encore
de jour en autre jour
une vie qui commence
je change de destin
j'enfile un corps qui s'ouvre
combien de vies encore
de vie de chien
de vie de chat
de fourmi, de papillon, d'éphémère
sans cesse j'épuise mes quotas de temps
sans cesse, je mue dans d'étroites portes
et (...)
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ce n’est pas le ciel qui m’a levée ce matin...
15 février 2018
ce n'est pas le ciel qui m'a levée ce matin
mais la terre, geyser debout
le long de l'épieu, colonne de cire et la flamme
le long des murs, des planches, le long de l'arbre
j'ai senti la ramure perforer mon corps, monter
la perce-neige
un fétu d'hiver dans le cœur de l'os.
j'étais allongée mais cette fleur, folle et mendiante
a soulevé la mort, le rêve et le sommeil
maintenant l'aube élève les sols (...)
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nous ne remontons pas le fleuve ensemble les...
22 décembre 2017
nous ne remontons pas le fleuve ensemble
les eaux sont des algues décoiffées
je respire vers l'aval
tu fuis vers les monts
ainsi cette île au milieu nous attend comme un rebord de fenêtre où coulerait le ciel
on voit passer enfants noyaux et nids d'hirondelles
alors ensemble qu'un instant et le reste du temps arrêté
nous nous aimons d'un coup (...)
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non rien à reculons. je n’ai d’enfance que...
8 décembre 2017
non rien à reculons. je n'ai d'enfance que bientôt
et ce goût d'aventure d'une fenêtre
et cet esprit de fronde que cette douleur qui dort dans mon pas
non rien à encrer la passe ancienne, je reconnais mes ciels
et la même pluie dans la rivière
elle coule à l'affût de sa mère
j'essaie le nom des herbes et des ailes
qui posera ses lèvres et me nommera
sans peur, le (...)
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Ô mon frère, mon corps, je jette sans cesse mes...
26 novembre 2017
Ô mon frère, mon corps, je jette sans cesse mes flocons d’encre sur les vitres. Passe, passe vite par ces coulures, disparais. La nuit femme jalouse goupille les portes des astres. Elle tend vers moi des étangs noyés. Mais le jour, quand je palpe le verre qui ferme le monde sous la glace, je crache des lacs noirs et je sors, unique et mort.
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ce sont des marches transparentes. la nuit...
31 octobre 2017
ce sont des marches transparentes. la nuit coule sur la vitre, une goutte. et moi dedans qui voyage.
chaque soir un chien tire ma jambe, à l'endroit des désirs.
ses dents violentes mâchent mon âme et je résiste, caoutchouc et ressort
nous allons ainsi lui et moi de brillances lunaires à des ombres de sépulcre.
je renais ensuite courbée dans le sens du mensonge.
femme chienne et (...)
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tu as un corps interdit. j’ai coupé mon...
26 octobre 2017
ton corps maintenant interdit. j'ai coupé mon poignet de voyeuse.
ne te toucher jamais.
j'ai su
à la manière dont ton ombre a traversé la place et ampli l'espace du plus en plus.
un corps, baraque hauteresse. un bloc dressé qu'une terre souterraine avait hissé à mon front.
désormais chair sans texture, une peau sans grain de prière
corps que je nie, que j'efface. le dire est de trop.
et tu retournes parmi les bocaux aseptiques des êtres (...)