livre des suites
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famille
12 juillet 2019
nous fûmes sept
sept têtes, sept ventres
ce qu'il faut pour le silence
candélabre des âmes
bougies de poche à nos tables
dans nos bouches
la vergogne est tombée, graines de ricin
on a clos les lèvres
et le monde a déchiré nos anses, nos digues
pour nous rendre fous
sept
la première s'est tue comme un livre l'index, à revers d'eaux bénites
le deuxième s'est tu car il songeait que tous lui devaient la parole
le troisième a tenté d'en sortir, (...)
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rap
30 juin 2019
Le fond du ciel a explosé
big bang ce bruit d'éternité
la terre entière, fruits de colère
démenti-els démons d'enfer
ont déchiré, cet univers
les cris des hommes, des singes hurleurs
le monde entier, des sons, des pleurs,
ont fracassé nos mots de peur
personne aucun, même le néant
pour écouter, craquer le temps
je n'étais personne, je n'étais personne, même pas un homme
puis est montée, comm' un brouillard
la nuit sans fond, fleuve blafard
le (...)
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Je vis avec la main basse de la lignée des...
16 juin 2019
Je vis avec la main basse de la lignée des femmes
Leurs vies m'ont prise en otage
Dans leurs cratères de corneilles, des cuves à marner
L'empois de leur silence.
Elles me tracent, implorent ma voix de trancher le fleuve du temps
J’entends ce mystère, derrière leurs bouches blanches
Mes sœurs les femmes, leurs paroles anciennes
Cousues sur la langue
L’esprit ne comprend rien, il veut des preuves
Mais leur souffrance cantique
C’est mon (...)
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Ce matin le ciel a pitié de moi. Il ferme le...
10 juin 2019
Ce matin le ciel a pitié de moi. Il ferme le magasin des promenades et clôture le préau de pluie à la ficelle. Le ciel et puis les hommes avec leurs grands ciseaux, découpant les lignes du cœur. Je peux rester jouer dans la classe. Je trace la silhouette d’une main de papier. C’est le temps d’écrire, il faut beaucoup aimer la pluie.
Echanger la pluie contre un poème ou quelques pages. Je profite du temps qui me donne l’eau. La terre abreuvée (...)
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Je n’ai pas regardé le ciel, j’avais les yeux...
5 juin 2019
Je n’ai pas regardé le ciel, j’avais les yeux trop lourds.
L’histoire éphémère des nuages.
J’ai dérivé, ma barque sur mes épaules dans le terrain vague
Le bruit de l’eau tout au long du chemin
J’ai dit je n’ai pas, je suis désertée, l’aumône comme un filet à papillons
Le lit de cire scellé de mille corps
Je n’ai pas entendu le souffle des dieux dans les orgues des amants
Le silence éclos au calice de (...)
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La parole est aux perceuses de nuages. Des...
30 mai 2019
La parole est aux perceuses de nuages. Des aiguilles, du fil pour les noces de vapeur.
Déjà pisse une encre labile sur la robe de mariée des grands tailleurs d’eaux.
Je voudrais dans ce ciel des éponges rouges, ces fleuves de violence feraient si mal à voir.
Sur l’abdomen bleu de la planète, ces linges de pus des cicatrices.
Je voudrais que montent au crâne les cumulus blessés retenant les gouttes de nos crimes
Et alors espérer la nausée (...)
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Il n’y a rien à dire, il n’y a rien à dire. La...
19 mai 2019
Il n’y a rien à dire, il n’y a rien à dire. La tête est pleine de sons qui ne veulent rien faire ensemble. Une nausée de chahut. Un chalut…
Et quand j’essaie de filer cette étoupe étouffante, il me sort une corde serrée au gibet. Ma tête ficelle, ma langue proie. Dans le fond de mon ventre un bateau chavire. La mer des mots est sauvage. Elle, acide massue qui pèse sur le cœur marin.
J’ouvre la bouche, crachats saurs. Il n’y a rien à dire. (...)
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Il reste encore des choses à voir par la...
13 mai 2019
Il reste encore des choses à voir par la fenêtre
L’homme qui fait le même pas porte un jour de velours de plus sur ses épaules et si je le voulais, je saurais prélever le masque des poussières
L’homme passe, il remonte sa propre rivière et l’écume de ses poches fait la traine des moineaux.
Il y a des gens comme ça qui sèment le grain de l’âme
C’est simple affaire de sillons. Il est vieux, il a (...)
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tous ces dépôts des autres mondes collent à mes...
6 mai 2019
tous ces dépôts des autres mondes collent à mes cils. je suis marquée. je reviens avec mon ticket d'éternité, le fluide des gastéropodes brille à la fenêtre. je n'ai pas voyagé loin, qu'une minute sur l'orbe prophète. quelque chose s'est dit qui laisse sur ma joue un peu de lumière. je ne lis aucun message, seul l'éclat des larmes asséchées.
et cela suffit : il y a un monde où j'ai pu (...)
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je te parle ma soif cette langue de pierre et...
1er mai 2019
je te parle ma soif
cette langue de pierre et de fonte remplit ma bouche
et le cœur
je t'implore comme le saule qui ruisselle vers la terre
une pluie de médailles
ma soif pilier
ma soif vertébrale
l'échelle du pauvre qui veut gravir le ciel
je te parle avec les mots secs du silence
du monde morcelé des averses
quand dans chaque goutte l'océan infini se mue en étoiles
ma soif : y-a-t-il de l'eau au centre de l'homme (...)