Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 233

mercredi 27 août 2014, par Anna Jouy

Lire. Entrer dans un texte. En prendre les dimensions, les profondeurs, les secrets, -souvent bien enfouis et qu’on est invité à chercher comme des œufs dans le champ pascal-. Se demander ce qu’on y fait, le pourquoi de la lecture, le pourquoi du plaisir qu’on y prend mais surtout le pourquoi on en est si interpellé. Les structures internes, les angles, les jeux d’architecture. On entre dans l’ouvrage pour mieux comprendre l’art de l’auteur, je veux dire son artisanat, sa pratique, sa méthode et l’usage qu’il fait des matières. Et puis vers quelle lumière ou dans quel espace urbain ou campagnard, il construit et monte. Tout ceci nous importe et nous fascine, l’imaginaire du monde en action.

Ce livre –là ainsi regardé, visité, approfondi devient une structure pluriportante que chaque lecture rend plus solide. Il trouve son assise. En cela nombre d’universitaires, d’écrivains et de critiques vrais font un travail de grande valeur.

Il faut cependant modérer cet enthousiasme en gardant bien en vue, que de livres fort intelligemment lus, certains savent cependant user comme de palais des glaces dans lesquels mirer leur propre talent ou reflet.

Puis il y a cet autre type de lecture, qui arrive avec la boule de démolition. On passe et saccage, entreprise qui se suppose des devoirs d’assainissement du territoire littéraire. Pourtant les faux livres, les mauvais écrits tombent en ruine tout seuls pas besoin de ce genre de service.
C’est une entreprise qui pourrait être trompeuse car au nom d’une haute idée de l’écriture, sous couvert d’un dogme toujours très personnel -comment pourrait-il en être autrement- on veut en décider bien au-dessus des pouvoirs du Temps.
En général, c’est ce qui est « absent du texte » qui est convoqué en argumentaire impitoyable. Ce livre manque de (ici ajouter ce dont le-la critique en est lui-même elle-même empli-e) et si on y avait au moins parlé de (placer encore ici une dose des réserves personnelles et des dadas en littérature du dit -de la dite -critique)
Dans cette catégorie grands démolisseurs, on peut distinguer encore ceux-celles qui n’hésitent pas à user de l’insulte et de l’avilissement de base tant il importe au fond que non seulement le livre, ouvrage autodestructible pourtant, soit éradiqué rapidement et mais son auteur également, ouvrage lui aussi pourtant autodestructible et parfaitement biodégradable.

En fait là il s’agit de crier assez fort pour qu’au-dessus de la mêlée perce The Voice et se bâtisse avec les moellons de la nouvelle friche, la pyramide d’un ego en mal d’altitude.

J’adore la période des rentrées littéraires.


rien de bien neuf non plus dans ces idées-là...évidemment

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